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MISE A JOUR 21.10.18

RUSSIE

du 25 au 30 septembre 2018

parcouru 1177 km



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25-26 septembre 2018 Ekaterinbourg - Osa
Aujourd’hui c’est la progression vers l’Ouest qui va occuper notre journée. Nous quittons Ekaterinbourg, peu avant 10 heures, dans une circulation dense mais fluide.
A une trentaine de kilomètres de la ville, nous nous arrêtons pour contrôler la pression des pneus sur un parking à proximité d’un mémorial. Il s’agit d’un monument impressionnant rendant hommage aux personnes de la région victimes de la répression politique entre les années 1930 et 1950. Un monument en bronze, de 3 mètres de hauteur, représente deux visages accolés, l’un en forme positive et l’autre en forme négative. Des larmes coulent de l’œil du visage positif, ce sont des visages humains.

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A l’arrière, une vaste clairière a été créée dans la forêt avec des allées au bord desquels sont disposées une quarantaine de longues plaques de béton. Sur celles-ci sont fixées des plaques en fontes, regroupant dans l’ordre alphabétique les noms de 18'000 victimes des purges staliniennes. Un petit échantillon des victimes du plus grand assassin de l’histoire et de ses complices. Des fleurs sont disposées près de certaines plaques montrant que les familles, même 70 ans plus tard, refusent d’oublier. Nous reprenons la semi-autoroute qui nous conduit vers l’Europe dans laquelle nous venons d’entrer.

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Cette frontière continentale a été fixée par le géographe et historien Tatitchev (1686-1750) qui était rattaché au collège des Mines pour lequel il explora la Sibérie. Il fut le fondateur d’Ekaterinbourg et rédigea le premier code minier de la Russie. Nous avons déjà franchi une fois cette frontière, sans nous en rendre tout de suite compte, en remontant le long de l’Oural où elle est matérialisée par une rivière que nous avons traversée. La grande ville que nous venons de quitter est située en prolongation de l’axe Moscou-Kazan. Mais la route principale n’est pas directe et fait un crochet 200 kilomètres plus au nord, par la ville de Perm. Nous suivons cette artère, qui chevauche des vallonnements situés entre 300 et 500 mètres, sur 350 kilomètres avant de nous en détacher vers le Sud-Ouest, en parallèle à la rivière Kama. Ce fleuve, long de 1'800 kilomètres, ponctué de barrages pour faciliter la navigation et l’irrigation, est un affluent de la Volga dans laquelle il se jette près de Samara. Nous sommes contents de quitter la route principale et son dense trafic de camion et continuons à traverser des vallonnements couverts de grands champs et de forêts sur une septantaine de kilomètres avant de nous arrêter à Osa, petite ville au bord du fleuve.

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Nous trouvons notre bivouac sur le port, à proximité d’un bac qui semble en réparation.
Le 26, après une journée de travail sur le site sous un temps couvert et pluvieux, un verre de blanc pour l’apéritif marque ce jour spécial. Nous allons passer notre 900ème nuit dans Babar ! Sept ans après sa réception de sortie d’atelier et quatre ans et 3 mois après le début des grands voyages, nous avons toujours autant de plaisir à séjourner dans notre deuxième (certaines années première) maison.

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27-28 septembre 2018 Osa - Mendeleyevsk - Laishievo
Les deux jours sont consacrés à de grandes étapes en direction de Kazan à travers une belle campagne légèrement vallonnée et alternant à nouveau grands champs cultivés et forêts de résineux et bouleaux.

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Le 27, après avoir traversé la Karma sur le grand barrage digue de Chaykovskiy, nous rejoignons la grande route sur le contournement de la grande ville d’Ijevsk, 600'000 habitants. Cette cité industrielle, a été fondée en 1760, simultanément à un barrage sur la rivière Ij qui lui a donné son nom et à une usine métallurgique. Sa notoriété est survenue une cinquantaine d’année plus tard avec le développement d’une usine de fabrication d’armes à feu et de fusils de chasse. Elle a équipé les troupes russes qui ont combattu Napoléon et développa ensuite continuellement sa production d’armes. Sa main d’œuvre hautement qualifiée fut réticente aux idées bolchéviques et elle connut de nombreux combats avec des occupations alternée entre armée rouge et armée blanche. C’est dans cette ville qu’a vécu jusqu’à sa mort Mikhaïl Kalachnikov, inventeur de l’AK 47, fusil automatique plus connu sous son nom. C’est pendant sa formation militaire dans les chars, à 19 ans, que ce bricoleur de génie a proposé des améliorations pour le pistolet Tokarev, pour une tourelle de char et pour un réservoir de moto. Remarqué par ses supérieurs il est envoyé suivre un cours de mécanique pour la construction de chars. Conducteur de char, il est grièvement blessé dans la bataille de Briansk et commence pendant sa convalescence à dessiner des armes. Il avait été frappé par la supériorité technique de l’armement allemand. Il conçoit une fusil d’assaut léger, fiable et simple et est appuyé par le maréchal Voronov qui le pousse à perfectionner son invention avant de la présenter au gouvernement. Décision est prise de construire cette arme et l’usine Ijmach en produira de grande quantité. Mikhaïl Kalachnikov concevra plus d’une centaine d’armes au cours de sa carrière, sera l’homme le plus décoré d’Union soviétique, et fut promu général en reconnaissance de ses activités dans l’armement. Il décèdera en 2013 à Ijevsk, à l’âge de de 94 ans. Il répéta à plusieurs reprises qu’il était devenu constructeur d’armes à cause des allemands et qu’il aurait préféré inventer des machines agricoles. En soirée nous retrouvons la Kama et nous arrêtons près d’une église qui surplombe le fleuve dans un vieux quartier de Mendeleyvsk.

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Le 28 nous reprenons notre course vers l’Ouest, sur la semi-autoroute principale que nous quittons avec plaisir après une centaine de kilomètres. Nous reprenons des routes plus petites mais généralement bonnes en direction de la Kama.

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Nous stoppons en milieu d’après-midi sur une promenade riveraine aménagée dans la bourgade de Laishievo, une soixantaine de kilomètres avant Kazan.
Nous faisons la connaissance de Valentin, un retraité qui a sa maison juste à côté de Babar et qui accepte volontiers notre séjour pour la nuit. L’écriture, sur la poussière du réservoir, me permet de comprendre qu’il a 64 ans et que je lui dois le respect. Il nous explique que s’il avait un véhicule comme ça, il irait jusqu’en Suisse ! Un bref mais bel et souriant échange…

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Sylviane met à profit l’après-midi pour nous faire un excellent pain. La qualité des pains commerciaux est souvent trop soft et nous apprécions.

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29 septembre 2018 Laishievo - Kazan
Nous démarrons vers 8 h 45 pour parcourir la soixantaine de kilomètres qui nous séparent de Kazan, 1'200'000 habitants, capitale de la République du Tatarstan. Les Tatars sont les locuteurs de la langue homonyme qui appartient au groupe des langues turques altaïques. La langue tatar est à l’égal du russe, langue officiel de la république dont 52% de la population (env. 2 millions de personnes) la pratique. Elle est également parlée par plus d’un quart de la population de la république de Bachkirie.
La ville est située à 720 km à l’Est de Moscou, sur la rive gauche de la Volga, à l’embouchure de la rivière Kazanka qui la divise en deux. Son histoire commence au 7ème siècle lorsqu’un Khan crée, avec ses sujets turcophones, l’Etat éphémère de la Grande Bulgarie dans les steppes du Nord-Est de la mer noire. L’un de ses cinq fils entraîne, après sa mort, une partie de son peuple plus au Nord, vers l’embouchure de la Kama dans la Volga, et crée le Khanat de bulgar de la Volga qui adopte en 922 la religion musulmane. En 1223 les Mongols attaque le pays et sont battus avant de revenir en 1229 et de battre les Bulgares avant d’occuper le pays dans la décennie qui suit et d’éliminer la majorité de sa population. Ils créent un Etat baptisé la Horde d’or sous l’autorité du fils aîné de Genghis Khan. La Horde d’Or, qui fait souvent des razzias dans les principautés de Russie occidentales et y enlève des esclaves, soumet celles-ci au paiement de tribus réguliers. Dès la fin du 14ème siècle les principautés se liguent pour résister aux Mongols et repoussent leurs limites vers l’Est. C’est finalement Ivan IV le Terrible, Grand Prince de Moscou et futur Tsar qui attaque Kazan et s’en empare en 1552, mettant fin au puissant khanat et libérant plusieurs milliers d’esclaves russes. La ville devient un centre de commerce avec la Sibérie pour les peaux, les laines et les fourrures. La ville croit ensuite, stimulée par le développement de la navigation fluviale et l’augmentation de la population russe dans le région de l’Oural et en Sibérie. Elle compte déjà 200'000 habitants en 1914.Le kremlin (forteresse) de Kazan fut construit sur ordre d’Ivan le Terrible à l’emplacement du palais de khans de Kazan. Ceint d’une haute et épaisse muraille qui entoure le sommet de la colline, il réunit dans son enceinte de nombreux bâtiments historiques restaurés après les outrages de l’époque communiste. Entre 1996 et 2005 une grande mosquée pouvant accueillir 6'000 fidèles a été construite dans le kremlin, à l’emplacement de celle détruite par Ivan le Terrible. Elle a été inaugurée en 2005 dans le cadre des célébrations du millénaire de la ville. Elle est illustrative des indispensables recherches d’équilibre que nécessite, au plan politique, ethnique et religieux, le maintien de la cohésion d’un pays qui couvre 17'000'000 de km2, soit 12% de l’ensemble des terres émergées et réunit plus d’une trentaine de peuples historiques (notion discutable).
Après avoir installé Babar dans un parking peu bucolique mais gardé, nous l’abandonnons à la contemplation de belles russes aux silhouettes effilées… Sous un ciel peu clément nous visitons la ville, la zone piétonne de sa rue Baumann, bordée de bâtiments anciens et savourons un excellent repas dans un restaurant.

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En rentrant nous passons devant le cirque et avons la chance de trouver des billets pour d’excellentes places (12ème rang) pour la représentation qui débute une heure plus tard.

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Nous assistons à une magnifique représentation, avec des artistes et des animaux, comme autrefois chez nous avant les modes hystériques hygiénistes, antispécistes, etc...

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Le dompteur Vitaly Smolyanets est extraordinaire, présentant un numéro avec six lionnes et trois tigres, alors qu’il a perdu ses deux jambes dans un accident de la route et a deux prothèses.

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Une acrobate présente aussi un numéro remarquable autour d’une draperie.

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C’est émerveillés comme des enfants que nous regagnons Babar.

30 septembre 2018 Kazan - Sviazhsk
Babar ne s’est pas trop agîté la nuit, avec ses voisines les grands limousines blanches de mariages, est nous avons eu un bon sommeil.

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Nous débutons la journée par la visite du kremlin et de ses monuments.

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Nous commençons par la grande mosquée contemporaine, entièrement revêtue de marbre blanc, avec un dôme central entouré de quatre fins minarets. Sa salle centrale, dotée d’une grande galerie semi-circulaire est éclairée par de hautes fenêtres en forme de voûte brisée. Les décorations intérieures bleues, blanches et dorées, reproduisant souvent des versets du Coran, sont d’une finesse remarquable. Les visiteurs sont accueillis chaleureusement et peuvent voir la salle depuis une galerie latérale. Les photos sont autorisées sans limites.

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Nous visitons la cathédrale de l’Annonciation, construite entre 1554 et 1562 sur ordre d’Ivan le Terrible. Elle a peu été modifiée au fil des siècles et a des lignes très pures. Elle a subi des vols sous le régime communiste mais a été utilisée ensuite comme entrepôt d’archives, ce qui lui a évité des destructions massives à l’exception de la démolition de son beffroi dans les années 30. Sa nef et ses piliers sont décorés de magnifique fresques dont certaine du 17ème siècle. Les photos ne sont pas autorisées à l’intérieur de l’édifice.

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Nous admirons aussi, de loin, le palais du président de la république Tatare, datant du milieu du 19ème siècle. Nous regagnons ensuite Babar en fin de matinée et quittons Kazan en direction de l’Ouest.

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Après une trentaine de kilomètres nous traversons la Volga, passant de sa rive nord à sa rive Sud par un grand pont. Trente kilomètres plus loin nous atteignons la presqu’île de Sviazhsk.

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C’est Ivan le Terrible, qui après deux échecs pour conquérir Kazan, en 1547 et 1549, il décide d’implanter une forteresse sur la presqu’île pour constituer une base pour prendre Kazan, Il fait construire des éléments préfabriqués à Ouglich, près de Yaroslav, et les achemine ensuite sur plus de 700 kilomètres sur la Volga. En 1551, en quatre semaines la presqu’île est fortifiée et constitue une base qui permet de conquérir, l’année suivante, Kazan et de détruire son khanat. Elle est ensuite devenue un lieu de christianisation des Tatars et un monastère est construit entre 1556 et 1560. Nous profitons de quelques éclaircies de l’après-midi pour visiter la presqu’île et ses monuments. Le monastère de l’Assomption est partiellement en rénovation et son accès est limité.

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Plus loin dans le village le monastère St-Jean Baptiste est implanté autour d’une cathédrale de briques rouges construite en 1898.

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A côté est construite la petite église en bois de la Trinité qui fut taillée en 1550 dans les forêts d’Ouglich et acheminée avec les éléments de la forteresse. Après avoir été utilisée une quinzaine d’année, elle fut mise à disposition d’une paroisse et fut reprise en 1795 pour être intégrée dans le monastère St-Jean Baptiste. Son apparence avait passablement changé au cours des 18ème et 19ème siècles et une restauration, en 2010-11, lui redonna ses caractéristiques originelles. En 2012 et 2013, ses fresques furent restaurées. Une troisième église, dédiée à st-Serge, fait partie de ce monastère. Construite en pierre entre 1570 et 1604 elle remplaça une église en bois construite en même temps que la forteresse.
Nous apprécions aussi, au cours de notre balade, les belles maisons anciennes du village, restaurées ou dans leur jus, qui conservent à la localité un cachet indéniable. Le village compte aujourd’hui moins de 300 habitants et une partie de ses constructions doivent être des résidences secondaires.

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