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MISE A JOUR 21.01.19

RUSSIE de Sergueiv Possad à Saint Petersbourg


du 12 au 21 octobre 2018

parcouru 801 km



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12-13 octobre 2018 Sergueï Possad - Slobodka
La journée du 12 est consacrée aux retrouvailles avec notre ami Rossano, établi à Moscou depuis une vingtaine d’année, et qui nous a rejoints à Sergueï Possad avec sa compagne. Nous ne voulions pas embarquer Babar dans l’agglomération moscovite, de 12 millions d’habitants, dont le centre est à une septantaine de kilomètres. Les bouchons sont, comme dans les autres métropoles, fréquents et la circulation assez sportive. Après la visite de Babar couronnée par un apéro, nous partons dans un excellent restaurant géorgien où après avoir savouré un repas typique, nous passons finalement tout l’après-midi.

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Cela faisait dix ans que nous n’avions pas revu notre ami et les échanges sont vifs, amicaux et denses. Il est passionnant pour nous de rencontrer des personnes qui vivent en Russie… et qui parlent notre langue ! Lorsqu’ils nous quittent, en fin d’après-midi, nous faisons une visite du splendide marché couvert en face duquel nous sommes parqués.

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Le 13, avec un temps malheureusement couvert, nous partons visiter la Laure qui est l’un des endroits les plus saints de Russie.

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La Laure est un monastère fortifié par une enceinte de six mètres de hauteur et d’environ 1,5 kilomètre de longueur. Sergueï, qui vécut sa jeunesse au village proche de Radonège, est né vers 1313 à Rostov, et mort en 1392. Enfant difficile pour les études, il commença vers dix ans à lire la Bible assidument et rechercha bientôt en compagnie de son frère moine une vie ascétique. Ils se retirèrent dans la forêt à une dizaine de kilomètres de leur village et posèrent les premières planches d’un monastère en 1342. Après le départ de son frère il resta 3 ans en ermitage dans la forêt, parmi les loups et les ours, avant que des compagnons commencent à le rejoindre. En 1354 il fut ordonné prêtre et higoumène (supérieur) de sa communauté. Réformateur charismatique et défenseur de la religion orthodoxe, il fut aussi un peintre d’icône talentueux et surtout un acteur politique qui s’engagea pour réunir les princes russes pour combattre les Tatars qui les asservissaient. Il bénit les troupes du Prince de Moscou, Dimitri Donskoï, qui battirent les Tatars, mettant fin à leur domination en 1380 à la bataille de Koulikovo sur le Don. Ceux-ci continuèrent à faire des incursions et mirent à sac le monastère de Serge, dispersant la communauté et faisant périr son fondateur, revenu vers la solitude et la prière, vers 1392. Ses restes sont retrouvés sous des décombres au moment de la reconstruction du monastère. Ils sont aujourd’hui déposés dans une châsse en argent dans la cathédrale de La Trinité-Saint-Serge construite en 1422-23 à cet effet. Ils font l’objet d’une grande dévotion et une queue de 30 à 50 mètres occupait la cours d’entrée lors de notre visite.

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Nous renonçons à prendre la place de pèlerins et nous consacrons à quelques autres bâtiments de la Laure qui compte une dizaine d’églises et autant d’autres édifices. Nous visitons en particulier le Palais de la Tsarine (1692-1696), destiné à accueillir le souverain et sa famille, et richement décoré. La tour des cloches (1740-1770) est le dernier édifice construit et domine la Laure de ses 88 mètres de hauteur.
Elle portait autrefois 50 cloches, mais la moitié a été fondue dans les années 30. Heureusement le prestige affectif et religieux de la Laure a empêché les communistes de la détruire et sa réhabilitation a commencé dès les années 50.

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Vers 11 h 30 nous quittons Sergueï Possad en direction de l’Ouest, puis du Nord-Ouest et de Novgorod.

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Nous trouvons un bivouac à l’écart de la grande route, près d’une rivière, vers le village de Slobodka, après 220 km de bonne route.

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14-15 octobre 2018 Slobodka- Veliky Novgorod
Après une nuit paisible, nous rejoignons la semi-autoroute qui relie Moscou à Novgorod et St-Petersburg. La très bonne chaussée traverse de vaste plaine couverte de forêts, de zones marécageuses et parfois de localités entourées de champs. Les maisons qui bordent la route sont parfois vétustes ou en voie d’écroulement. Pourtant certaines d’entre elles sont encore habitées, les rideaux et plantes derrière les fenêtres en témoignent. Les jardins embroussaillés indiquent que les habitants ne peuvent plus s’en occuper, comme ils ne peuvent plus entretenir leur isba. C’est un élément frappant de ce pays qui voit les maisons vieillir avec leurs habitants, dépourvus de moyens financiers et physique pour maintenir la qualité de leur habitat. Les retraites permettent à peine de survivre en complément du jardin ou de la pêche et l’on imagine les carences qui doivent toucher les personnes âgées isolée géographiquement de leur famille.

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Ces moyens limités expliquent les nombreuses échoppes de produits locaux que l’on rencontre au bord des routes : champignons, miel, fruits, légumes et conserves jalonnent notre parcours.

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Nous atteignons le Veliky (Grand) Novgorod en fin d’après-midi après avoir parcouru plus de 350 kilomètres. Nous avons repéré, grâce au GPS, un parking près du kremlin, au bord de la rivière Volkhov qui quitte le lac Ilmen quelques kilomètres au Sud avant de traverser la ville pour aller se jeter, 200 kilomètres au Nord, dans le lac Ladoga. Rivières et lacs de cette région étaient des routes commerciales importantes développées par les Varègues, avec des liaisons par portage, en direction de Constantinople par Kiev et le Dniepr ou de la Volga et de la mer Caspienne en direction de Bagdad. Novgord, 220'000 habitants est grand par son histoire car elle est, avec Kiev, la « Mère de toute les Russies ». C’est en effet dans ces deux villes, situées sur la route commerciale en direction des Grecs, que Riourik, un chef Varègue appelé par les tribus slaves divisées qui peuplent la région, fonde un royaume à Novgorod. Son successeur Oleg prend la ville slave de Kiev, assurant le contrôle de la route des Vikings vers les Grecs et faisant de la ville sa nouvelle capitale. C’est le début de la dynastie de des Riourikides, Princes de Kiev et Novgorod, qui régnèrent sur la Russie et la développèrent jusqu’en 1598, avant de faire place, après une période troublée, aux Romanovs dès 1613.
Nous trouvons facilement le parking qui est malheureusement bondé en ce dimanche après-midi de beau temps.

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De nombreuses familles se promènent le long du fleuve et au kremlin et nous devons nous faufiler dans l’entrée d’un chantier en attendant que des places se libèrent pour Babar.

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Nous partons nous balader autour et dans l’imposant kremlin dont la fondation remonte au 12ème siècle, sur un promontoire dominant le fleuve Volkhov.

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La cathédrale Sainte-Sophie construite vers 1050 est l’un des premiers édifices en pierre de Russie du Nord et est contemporaine de Notre-Dame de Paris.

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Dès le 13ème siècle les premières fortifications en bois sont remplacées par des murs en pierre et briques qui ceignent une douzaine d’hectares et sont renforcés par des profondes douves du côté de la terre. Une douzaine de tours renforcent les murailles qui atteignent une douzaine de mètres de hauteur. La ville reçu de nombreux privilège de son prince Iaroslavl le Sage qu’elle aida dans sa conquête du pouvoir à Kiev en 1019. En 1136, après le sac de la ville de Iaroslavl, elle devint une république autonome gouvernée par un vetché, parlement qui ressemble à la landsgemeinde helvétique. Elle devint membre de la ligue hanséatique et son commerce est très florissant. Mais située à la croisée des routes commerciales et entre de puissants royaumes, elle est attaquée plus de 50 fois entre 1150 et 1450. C’est lors d’un affrontement avec l’Ordre des Chevaliers Teutoniques qu’elle demande l’aide du au prince de Vladimir, Alexandre Nevski et se replaça de fait sous la suzeraineté des Grands Princes de Vladimir et Moscou. Elle fut finalement subordonnée au gouvernement de Moscovie en 1478. Nombreux sont ses édifices qui furent détruits pendant l’occupation allemande, qui dura plus de deux ans, puis restaurés dès la fin de la guerre.

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Après avoir admiré les imposantes murailles et traversé le kremlin, nous regagnons Babar pour le stationner, à plat, au haut du parking pour passer une nuit tranquille.

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Nous sommes au pied d’un monument soviétique constitué d’une grande colonne rectangulaire qui rappelle les ancêtres Vikings et les guerres qui ont marqués la région.
Le centre-ville se décompose en deux parties : sur la rive gauche du Volkhov le kremlin, sur la rive droite la Cour de Iaroslavl qui bâtit à cet endroit un palais au début du 12ème siècle, plusieurs églises ainsi qu’un grand marché à arcades (qui constituent la seule trace restante de cet édifice). En 1136, année de la proclamation de la république de Novgorod, la cathédrale Saint-Nicolas fut terminée et son porche devint le siège du vetché. L’architecture de nombreux bâtiments est marquée par la modestie propre à un gouvernement bourgeois, à contrario d’édifices princiers. Nous commençons la journée du 15, sous le soleil, par une nouvelle visite au kremlin et de ses parcs boisés, où nous admirons la tour des cloches et les autres bâtiments, mais la cathédrale Sainte-Sophie est fermée et nous la découvrirons en milieu d’après-midi. Nous regardons aussi le monument du millénaire de la Russie, célébré en 1862, et marqué par une énorme cloche de bronze du sommet de laquelle se détachent les figures des souverains et chefs de guerre, au fil des siècles, de la Russie. Nous ressortons ensuite et franchissons le grand pont qui va sur la rive droite du Volkhov, vers le grand parc qui abritait la cours du Prince Iaroslavl Le Sage avant son départ pour Kiev.

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Une petite halte dans une boutique d’artisanat et d’art nous permet d’acquérir une magnifique poupée russe réalisée par une artiste locale. Nous poursuivons ensuite vers les superbes églises de la cour de Iaroslavl,

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puis, à travers les vieux quartiers des 18ème et 19ème siècle vers la cathédrale du Signe, construite en 1682 et modifiée plusieurs fois à la suite d’incendies. Le bâtiment et son enceinte, aujourd’hui devenu musée, est dans son jus. Il a souffert de graves dégâts pendant la guerre, utilisé comme caserne allemande, et sa rénovation est encore en cours.

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A proximité immédiate, au milieu d’un beau parc, se trouve l’église de la Transfiguration du Sauveur sur Iline, construite en 1374. Les lignes remarquables de l’édifice sont empreintes de pureté et d’élévation de l’esprit vers le ciel. De plan carré avec quatre pignons, et toitures à huit pans coiffés par un tambour avec dôme en ogive, l’église est dotée de fenêtres étroites harmonieusement et symétriquement disposées sur les façades divisées par des pilastres. L’église, qui n’est pas ouverte, contient une partie des fresques originales peintes en 1378, par l’un des plus grands artistes de Byzance, Théophane le Grec.

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Nous poursuivons ensuite notre promenade dans la vieille ville, puis dans les galeries commerciales situées au bord du fleuve, avant de retourner sur la rive gauche pour déguster un excellent bortsch à proximité du kremlin.

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Après la visite de Sainte-Sophie, et de sa remarquable iconostase, nous regagnons Babar. Notre intention est de quitter le centre ville pour aller dormir à proximité du monastère Saint-Georges de Iourev, situé sur les rives du Vorkhov, à 5 kilomètres au Sud de la ville.
Le monastère Saint-Georges de Iourev est considéré comme le plus ancien de Russie, fondé avec des constructions en bois, vraisemblablement en 1030 par le Prince Iaroslav le Sage. Sa première mention historique fiable remonte à 1119, lors de la construction, en pierre, de la cathédrale St-Georges. Les higoumènes (abbés) du monastère reçurent le titre d’archimandrite et nombre d’entre eux devinrent évêques de Novgorod. L’église St-Georges devint le caveau des Princes de Novgorod dès 1198. Le monastère, entièrement clôturé par des bâtiments, et dans lequel on pénètre par la porte de la tour des cloches, comprend trois églises réparties dans son grand parc boisé que nous admirons au coucher de soleil.

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16-21 octobre 2018 Veliky Novgorod - Saint-Petersbourg
Nous allons visiter la cathédrale St-Georges, construite en 1119 sous la conduite de Maitre Pierre, le premier architecte mentionné dans l’histoire russe, qui a construit de nombreux édifices en pierre dans la région. Le plan en rectangle de 21 mètres de largeur sur la façade d’entrée par 26 mètres de longueur avec les trois absides du chœur. Les façades, aux lignes pures, sont hautes de 32 mètres et couvertes de trois tambours avec toiture à bulbe, un à chaque angle de la façade d’entrée et un plus gros au centre. Il ne reste que quelques vestiges des fresques originelles, la plupart des autres étant de 1902. Une partie, recouverte de suie est actuellement en restauration. Le monastère a été profané par les communistes en 1928 et cinq de ses six églises fortement endommagées ou détruites. Les bâtiments conventuels ont été utilisés comme casernes et abîmés au cours de la deuxième guerre mondiale. Le monastère n’a été rendu à l’église orthodoxe qu’en 1991, marquant le début des rénovations. Une deuxième église, l’Exaltation de la Sainte-Croix, située Nord-Est de l’enceinte, a été restaurée et marque le site de ses cinq bulbes bleues constellées d’étoiles dorées.

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Nous quittons le monastère vers 10 h 30 pour rejoindre la semi-autoroute en direction de Saint-Pétersbourg.

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La ville, fondée en 1703 par le tsar Pierre le Grand, compte plus de 5 millions d’habitants et couvre une superficie de plus de 600 km2, elle est la neuvième plus grande ville d’Europe. Nous avons repéré, lors de notre séjour linguistique de janvier, un hôtel de la banlieue Sud-est dans le Nevskii Rayon qui accueille les camping-cars et qui est situé à 200 mètres d’une station de métro, soit idéalement pour nous. Nous arrivons sur le périphérique à 8 pistes au Sud de la ville et suivons celui-ci en direction de l’Est.

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Nous sortons de cette artère vitale et très fréquentée juste avant la Néva et suivons celle-ci en direction du Nord, par de larges avenues, sur environ 7 kilomètres. Nous atteignons notre lieu de bivouac en début d’après-midi. Notre hôtel est implanté sur une parcelle d’environ 4'000 m2 et offre, autour de son bâtiment principal, de la place pour une douzaine de camping-cars. Il est entouré de barre d’immeubles des années 70 qui nous protègent des bruits des grandes rues voisines et offre une tranquillité étonnante pour une si grande cité. Raccordement électrique et douche complètent ce confort agréable offert pour une trentaine d’euros par jour.

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Saint-Pétersburg, "la Venise du Nord" , est une ville exceptionnelle et magnifique à plusieurs titres. Fondée en 1703, dans des marécages, la ville est bâtie de chaque côté de la Néva, large d’environ 600 mètres, de la rivière Moïka et de plusieurs canaux, larges eux de quelques dizaines de mètres.

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Les berges de ces voies navigables ont été stabilisées par de gros blocs de granit et les grands édifices bâtis sur des milliers de pieux enfoncés dans les marécages. Pierre le Grand était un tsar original et visionnaire, curieux et intelligent. Il est proclamé tsar, conjointement avec son demi-frère aîné handicapé et sous la régence de sa demi-sœur Sophia, en 1682, à l’âge de dix ans. Dès sa majorité en 1689 il chasse la régente Sophie et remet provisoirement le pouvoir à sa mère. Il profite de sa jeunesse pour développer son goût de la navigation et pour la chose militaire et lie de nombreuses amitiés avec des personnalités du quartier des étrangers de Moscou ce qui stimule son intérêt pour l’occident. Après avoir conduit une campagne victorieuse contre les Tatars de Crimée, à la mort de son frère en 1696, il devient le souverain unique. Il décide de l’envoi de la Grande Ambassade, une mission diplomatique comprenant une trentaine de personne parmi lesquelles il se cache sous le nom de Pierre Mikhaïlov. Cette mission, qui parcourt l’Europe occidentale pendant deux ans, a pour but de créer des alliances militaires contre l’empire ottoman et de développer les liens économiques. Pierre profite de cette mission pour étudier l’artillerie et la construction navale et rentre persuadé de la nécessité de moderniser son pays, de l’ouvrir sur l’occident et de le doter d’une puissante marine.

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En 1703 il décide de la construction de fortifications près de l’embouchure de la Neva dans la mer baltique, sur des terres, ou plutôt des marais repris aux Suédois. Trois ans plus tard il décide de construire une ville, dont il supervise personnellement les travaux, et d’en faire sa capitale ouverte sur la mer Baltique et l’Occident et bien reliée au réseau fluvial russe. Ce sont dès lors 30'000 à 40'000 serfs et ouvriers qui oeuvrent à la construction de la ville battant des dizaines de milliers de pilotis sur lesquels sont construits les édifices de pierre. Les autres chantiers en maçonnerie furent interdits dans toute la Russie, jusqu’en 1714, pour permettre la mobilisation de tous les maçons disponibles. Environ 150'000 ouvriers périrent dans les chantiers et marais lors de la construction de la ville.
En 1712, la Cour, les ambassades et le Sénat sont déplacés dans la nouvelle capitale et les grandes familles de Moscou sont contraintes d’emménager dans la capitale dans des palais construits pour elles et à leurs frais. Cette planification autoritaire donne au centre de la nouvelle capitale une grande cohérence. En 1714 la ville, qui dispose d’une police municipale et dont le centre est éclairé la nuit, est déjà habitée par 50'000 foyers. Le tsar fait également venir de l’Ouest de nombreux ingénieurs et artisans pour faire de sa capitale un centre technique et scientifique.
C’est sous les règnes des impératrices Anne puis Elizabeth, soit entre 1730 et 1760 que la ville se développe sur la rive gauche de la Néva, à proximité de l’Amirauté. Les grandes perspectives sont tracées depuis celle-ci et le palais d’Hiver, résidence officielle des Tsars jusqu’à la révolution, ainsi que l’abbaye de Smolny sont érigés dans le style baroque par de grands architectes occidentaux dont l’italien Rastrelli. La grande Catherine, qui régna de 1762 à 1796, poursuivi le développement de la ville en privilégiant le style néoclassique, en recourant à de grands architectes français et italiens. Au cours du 18ème siècle la ville devient un centre culturel, artistique et académique renommé et les impératrices encouragent les artistes et créent de nombreux théâtres, salles de concert et musées.
La ville compte 500'000 habitants en 1850 mais sera touchée par deux grandes hémorragies démographiques. La première, due à la révolution bolchévique et à la première guerre mondiale voit la population se réduire de 2'300'000 habitants en 1915 à 700'000 en 1920. La seconde est due à la deuxième guerre mondiale et au siège de la ville par les allemands pendant 872 jours entre septembre 1941 et janvier 1944. La ville est complètement encerclée pendant de nombreux mois et plus de 1’000'000 de civils meurent de faim tandis qu’un nombre équivalent ont pu être évacués avant l’encerclement. Après la guerre la ville se développe à nouveau avec la construction de nombreux immeubles de logements et atteint à nouveau les 3 millions d’habitants au début des années 1960.
La construction cohérente de la ville, devenue capitale, sur deux siècles donne à son cœur historique une grande valeur patrimoniale. Plus de 2'500 bâtiments et monuments ont été portés à l’inventaire du patrimoine de l’Unesco et la cité compte plus de 40 salles de théâtre ou musique. Deux cents cinquante musées permettent de découvrir un patrimoine unique au monde allant de la paléontologie à la conquête spatiale. La révolution bolchévique n’a pas, hormis pour les églises, conduit à des destructions massives de palais ou collections. Les édifices qui n’ont pas été utilisés par le nouveau pouvoir, ont la plupart du temps été fermés et abandonnés aux outrages du temps.

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Le musée de l’Ermitage est sans doute le phare de ce patrimoine. Installé dans les anciens palais impériaux qui bordent la Néva il présente plus de 60'000 objets et œuvres d’art, dans mille pièces des palais contigus, et en compte plus de 3 millions dans ses réserves. Celles-ci réunissent plus de 750'000 objets archéologiques et plus de 650'000 objets d’art ainsi que 14'000 armes et pièces d’armures. Les expositions occupent près de 67'000 m2 (2ème mondial après le Louvre) et le musée abrite la plus grande collection de tableaux du monde avec plus de 16'000 toiles. C’est l’impératrice Catherine II qui créa et développa cette collection en achetant plusieurs grandes collections des aristocrates occidentaux pendant son règne. Les collections furent enrichies par les œuvres saisies dans les palais des familles nobles au moment de la révolution. Une partie des collections du Kunstkamera, la Chambre des curiosités construites en 1727 sur l’île Vassyliev par Pierre le Grand, féru de zoologie, d’ethnologie et d’histoire ancienne. Le musée accueille annuellement plus de 4 millions de visiteurs, ce qui rend son accès difficile en période de pointe, et emploie 2'500 collaborateurs.
Un autre fleuron, parmi les musées de la ville, est sans doute le musée Fabergé et ses magnifiques bijoux mécaniques en forme d’œufs. Issu d’une famille huguenote Karl Fabergé, après une longue formation dans plusieurs pays d’Europe, a repris en 1872 l’entreprise de joaillerie fondée par son père trente ans plus tôt. Il a hissé celle-ci, avec l’aide d’une équipe d’excellents collaborateurs, au rang de premier fournisseur de bijoux de la cour impériale russe entre 1885 et 1917. Les deux derniers Tsars ont commandé chaque année un œuf pour l’offrir à leur épouse à l’occasion de Pâques. Ces 52 œuf impériaux de matières précieuses (or, platine, pierres précieuses, etc.) finement ouvragés contenaient une ou plusieurs surprises miniatures symboliques de la Russie et de la famille impériale. Même le Tsar, commanditaire, ne connaissait pas la forme et le contenu de l’œuf avant de l’offrir à la Tsarine. Ces merveilles de joaillerie et de mécanique de précision ont fait la réputation de Karl Fabergé qui a réalisé des œufs pour d’autres riches clients. Une partie des œufs ont été dispersés au moment de la révolution et sur les 24 saisis par les bolchéviques, 14 ont été vendus en 1927 par Staline.

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Le musée Fabergé, qui présente dans le palais Chouvalov outre une dizaine de ces merveilles, plus de 4'000 objets précieux a été créé par le milliardaire Viktor Vekelsberg. Ce dernier avait acheté en 2004, pour 100 millions de dollars, la collection du magnat de la presse Malcolm Forbes en vue de son rapatriement en Russie.

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Le musée de zoologie, situé à la pointe de l’île Vassilevski à côté des ministères contigus construits sous Pierre le Grand, a une présentation un peu désuète mais une remarquable collection de mammouths. A ses côtés se situe de Kunstkammer construit dès 1718 pour abriter et présenter les collections de « curiosités » de l’empereur, qui s’intéressait à toutes les sciences, de l’ethnologie à l’anatomie en passant par l’anthropologie. Un passionnant musée de l’Arctique et Antarctique, situé près de Nevsky Prospekt, présente l’histoire de la conquête des pôles, dans laquelle les russes ont joué un rôle important dès le 19ème siècle.

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De nombreuses balades le long de la Neva et des rues du centre historique

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ainsi qu’une croisière sur la Moyka et le fleuve complètent notre séjour dans cette capitale culturelle et historique où il restera toujours des objets et lieux de découverte et d’émerveillement.

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